Services Web : la standardisation est bel et bien dans l’impasse
Microsoft a fait une brève apparition au groupe de travail mis en place par le W3C pour standardiser l’orchestration des services Web, avant de s’en retirer. Du coup, il semble acquis que pour la définition des briques techniques complémentaires aux premiers standards, ce sont les grands groupes qui imposeront leurs vues.
Trois petits tours et puis s’en vont. Les deux représentants dépêchés par Microsoft à la réunion organisée sous l’égide du W3C pour débattre des standards en matière d’orchestration de services Web sont finalement repartis au bout de quelques jours (voir édition du 17 mars 2003). D’après Infoworld, les deux émissaires de Microsoft ont cessé de participer au groupe de travail mis en place par le W3C après avoir constaté que le langage de contrat (« contract language ») sur lequel ce groupe travaille ne coïncide pas avec celui utilisé par Microsoft, IBM et BEA Systems dans leur propre spécification d’orchestration des services Web, appelée BPEL4WS. Le vice-président s’est étonné de cette décision et de la justification qui en a été donnée. Selon lui, la participation de Microsoft avait débuté sous les meilleures auspices, les premières contributions des deux représentants étant qualifiées de remarquables. En outre, ce qu’ils ont présenté de BPEL4WS était, toujours aux dires du vice-président, tout à fait en phase avec les objectifs du groupe de travail. Après cette nouvelle péripétie, l’espoir de voir émerger un véritable standard pour l’orchestration des services Web, c’est-à-dire dûment validé par un organisme habilité et unanimement promu par l’industrie, n’aura guère duré.
L’arbitrage des utilisateursAutant l’élaboration des premiers standards ? SOAP, XSDL et UDDI ? a été rapide, emportant l’adhésion générale de l’industrie logicielle, autant la définition de la deuxième génération, relative à la sécurité, la fiabilité et à l’orchestration des services Web, part dans tous les sens et voit resurgir les clivages et rapports de force traditionnels. Les bases des services Web ayant été jetées et adoptées par l’industrie, sans doute Microsoft et IBM se sentent-ils suffisamment forts pour poursuivre la route seuls et imposer leurs vues, sans avoir à passer sous les fourches caudines des organismes de standardisation. Ainsi la spécification BPEL4WS commence-t-elle à être adoptée par l’industrie. Elle est déjà intégrée dans plusieurs serveurs d’intégration. Pour qu’il en soit autrement, il revient aux utilisateurs de le faire savoir. Si les entreprises boudaient les services Web, au motif qu’ils sont insuffisamment standardisés, Microsoft et IBM seraient bien contraints d’amender leur position.